Les Coquilles d’Eux
Objets fragiles, délicats et vecteurs d’une ironie manifeste, Les Coquilles d’Eux sont des photo-sculptures associant la fragilité de la coquille d’œuf à l’extrême sensibilité de l’émulsion Polaroid. Au sein des coquilles vides affleurent des portraits et fragments de corps masculins. D’autres coquilles, réduites en morceaux, ne demeurent qu’à l’état de vestiges et portent la trace d’un énigmatique accident ou d’une chute féconde.
Les Coquilles d’Eux explorent plusieurs modalités de la scission. La rupture est d’abord matérielle et sensible. A l’image de la photographie (dont l’acte de prise de vue – le shoot – véhicule une indéniable violence), la coquille brisée témoigne ici de ce qui demeure après un impact soudain. Si elle enserre, préserve et protège un contenu, sa destruction est nécessaire afin que préparation et consommation puissent avoir lieu. En réinvestissant les coquilles destinées à être jetées, l’artiste redonne une valeur à ces objets mineurs, dont la forme ovoïde suggère pourtant une sensualité déroutante. De même, du point de vue de l’expérimentation photographique, Les Coquilles d’Eux traduisent une double rupture. Natasha Guy refuse d’abord la planéité de l’image photographique, puisque cette dernière prend ici la forme d’un étrange tissu accidenté voire d’une peau ou une membrane qui affleure à la surface des œufs. Mais l’artiste rompt également avec l’usage traditionnel de cet appareil automatique, dans la mesure où le portrait frontal et très normé du Polaroid cède ici sa place à une exploration fragmentaire et poétique du corps masculin.
Derrière l’apparente légèreté de ces objets ambivalents, à la fois reliquats d’une cassure et sanctuaire de portraits évanescents, une étrangeté point à la surface des œufs. Qui sont ces hommes ? Qu’ont-ils fait pour se retrouver là ? Que deviendront-ils ? Sont-ils nés dans cette enveloppe minérale ? Ou bien « tués dans l’œuf » ? Chaque coquetier renferme une histoire intime que l’artiste se garde de dévoiler, se contentant d’explorer par une forme expérimentale le tabou de la nudité masculine. Les photo-sculptures ovoïdes de Natasha Guy traduisent en cela un état transitoire ; le passage à l’âge adulte et la découverte, par les hommes, de leur corps et de leurs sexualités.
Les Coquilles d’Eux racontent enfin l’histoire de l’arrivée d’une jeune artiste américaine en France il y a quelques années et l’entremêlement de ces deux héritages culturels. Ainsi, Natasha Guy combine le sens du jeu de mot et le motif culinaire – qu’elle identifie comme emblématiques de la culture française – à un certain second degré qui n’est pas sans rappeler les performances et installations des artistes féministes américaines des années 1970. Sa « cuisine photographique » revêt une dimension politique latente, en ce qu’elle évoque subtilement les rôles et espaces auxquels les femmes sont traditionnellement assignées. L’écho des Semiotics of the Kitchen (1975) de Martha Rosler comme de la grande installation The Dinner Party (1974-1979) de Judy Chicago transparaît dans ces coquetiers faussement mièvres et délibérément kitsch.
Objets fragiles, délicats et vecteurs d’une ironie manifeste, Les Coquilles d’Eux sont des photo-sculptures associant la fragilité de la coquille d’œuf à l’extrême sensibilité de l’émulsion Polaroid. Au sein des coquilles vides affleurent des portraits et fragments de corps masculins. D’autres coquilles, réduites en morceaux, ne demeurent qu’à l’état de vestiges et portent la trace d’un énigmatique accident ou d’une chute féconde.
Les Coquilles d’Eux explorent plusieurs modalités de la scission. La rupture est d’abord matérielle et sensible. A l’image de la photographie (dont l’acte de prise de vue – le shoot – véhicule une indéniable violence), la coquille brisée témoigne ici de ce qui demeure après un impact soudain. Si elle enserre, préserve et protège un contenu, sa destruction est nécessaire afin que préparation et consommation puissent avoir lieu. En réinvestissant les coquilles destinées à être jetées, l’artiste redonne une valeur à ces objets mineurs, dont la forme ovoïde suggère pourtant une sensualité déroutante. De même, du point de vue de l’expérimentation photographique, Les Coquilles d’Eux traduisent une double rupture. Natasha Guy refuse d’abord la planéité de l’image photographique, puisque cette dernière prend ici la forme d’un étrange tissu accidenté voire d’une peau ou une membrane qui affleure à la surface des œufs. Mais l’artiste rompt également avec l’usage traditionnel de cet appareil automatique, dans la mesure où le portrait frontal et très normé du Polaroid cède ici sa place à une exploration fragmentaire et poétique du corps masculin.
Derrière l’apparente légèreté de ces objets ambivalents, à la fois reliquats d’une cassure et sanctuaire de portraits évanescents, une étrangeté point à la surface des œufs. Qui sont ces hommes ? Qu’ont-ils fait pour se retrouver là ? Que deviendront-ils ? Sont-ils nés dans cette enveloppe minérale ? Ou bien « tués dans l’œuf » ? Chaque coquetier renferme une histoire intime que l’artiste se garde de dévoiler, se contentant d’explorer par une forme expérimentale le tabou de la nudité masculine. Les photo-sculptures ovoïdes de Natasha Guy traduisent en cela un état transitoire ; le passage à l’âge adulte et la découverte, par les hommes, de leur corps et de leurs sexualités.
Les Coquilles d’Eux racontent enfin l’histoire de l’arrivée d’une jeune artiste américaine en France il y a quelques années et l’entremêlement de ces deux héritages culturels. Ainsi, Natasha Guy combine le sens du jeu de mot et le motif culinaire – qu’elle identifie comme emblématiques de la culture française – à un certain second degré qui n’est pas sans rappeler les performances et installations des artistes féministes américaines des années 1970. Sa « cuisine photographique » revêt une dimension politique latente, en ce qu’elle évoque subtilement les rôles et espaces auxquels les femmes sont traditionnellement assignées. L’écho des Semiotics of the Kitchen (1975) de Martha Rosler comme de la grande installation The Dinner Party (1974-1979) de Judy Chicago transparaît dans ces coquetiers faussement mièvres et délibérément kitsch.








